Minute management #2 : Burn-out et turn-over : le chaos managérial Français

Les chiffres :

  • 1 Français sur 4 a déjà démissionné à cause de son manager.
  • 1 manager sur 2 se déclare souvent ou très souvent stressé au travail.
  • 24% des managers ont consommé des anxiolytiques et/ou antidépresseurs en 2022.

Alors, on peut avoir deux lectures de ces constats :

La première, un peu facile, mais pourtant très ancrée dans l’esprit commun : les managers sont des nuls, incapables de gérer leurs émotions et qui pourrissent la vie de leurs collaborateurs.

Bon… ok, mais si on sort de son prisme personnel, qu’on apprend qu’il y a 3 millions de manager en France, soit 1.5 Millions de personnes très stressées au quotidien dont 750 000 qui prennent des médicaments pour ça, on peut aussi penser que le problème est plus systémique, non ?

Le problème des managers ? Ils ne savent pas manager car personne ne leur a appris à le faire !

Dans la plupart des entreprises il y a 2 grands types de professionnels qui accèdent aux fonctions managériales : le meilleur de l’équipe et le plus diplômé.

Le meilleur de l’équipe : le candidat idéal n°1

Il connaît bien l’entreprise, il est expert dans son domaine, il débrouille tout le monde des situations compliquées, il connaît les rouages. Parfois jalousé, souvent admiré, toujours respecté. Oui, il en a de la légitimité ! 

Alors, c’est tout naturellement que l’employeur va lui exprimer toute sa reconnaissance avec ce cadeau empoisonné : une promotion au poste de manager.

Malheureusement, le meilleur de l’équipe, se trouve à sa nouvelle place, bien mal outillé. Déléguer, transmettre des consignes, animer une réunion, communiquer avec assertivité, faire des feed-back, gérer son temps et agir par ordre de priorités… Tout ça, il ne sait pas faire. Parfois, il ne même pas ce qu’il doit faire réellement !
Alors, une fois qu’il va prendre conscience de sa toute nouvelle incompétence, il va tenter de la camoufler soit en devenant distant et tyrannique avec ses équipes, soit en essayant de plaire à tout le monde en faisant leur boulot tout en délaissant ses fonctions.

Dans tous les cas, on voit vite arriver la consommation d’anxiolytiques et la démission d’un bon quart de l’équipe.

Le plus diplômé : la valeur sûre

Donc puisque l’expérience ne prévaut pas de la compétence managériale, les diplômes le feront ?

Hé bien, non !

Malheureusement en France, les études évaluent principalement la capacité à

  • Engranger un maximum de connaissances et savoir les régurgiter de la façon la plus pertinente possible dans un délai rapide. Peu importe ce que vous en retiendrez dans 6 mois, à un moment, vous l’avez su, mission accomplie.
  • Gérer une masse de travail énorme avec des deadline incohérentes, organiser son temps et faire face à une pression permanente liée à l’addition des livrables attendus.

Le tout dans une logique unique de résultats, peu importe la compréhension globale ou l’enseignement tiré, peu importe le bien-être. Celui qui obtient le meilleur résultat aura la meilleure reconnaissance scolaire (mais pas forcément celle du marché du travail… Triste ironie)

Alors, quels managers les études produisent ?

Certainement pas des humains accomplis, demandez à un étudiant de vous parler de sa passion, la plupart vous expliqueront qu’ils l’on laissé de côté « pour les études », et malheureusement, ne la reprendront jamais. Et c’est comme ça qu’à peine sortis du cocon familial, ils s’engagent tout droit sur l’autoroute du burn-out

Comment devenir un manager empathique lorsqu’on s’est totalement oublié pour obtenir son diplôme ?

Comment devenir un manager qui donne du sens alors que l’on vient les 15 à 20 dernières années à ne vivre que pour répondre à une exigence de résultat ?

Alors on fait quoi de nos manager ?

On les professionnalise et on les accompagne !

Formation, coaching ne devraient pas être là juste pour remplir des critères de qualité de vie au travail.

C’est un réel investissement sur le potentiel de ces collaborateurs clé que sont les managers.

Identifiez leurs forces, valorisez-les !

Identifiez leurs faiblesses, et accompagnez les pour les corriger à travers une formation adaptée

Ne les laissez pas seuls : codéveloppement, groupe d’analyse de la pratique professionnelle, coaching d’équipe… Tous ces groupes où l’on parle du travail mais aussi de soi appauvrissent les laboratoires pharmaceutiques et renforcent vos équipes.

Dirigeants : devenez une source d’inspiration. Assurez-vous d’avoir vous-même la bonne attitude, les bons outils pour permettre à vos managers de marcher dans vos traces

Vous trouvez que ça coute cher ? Faites le calcul de combien vous coûtent les burn-out des managers + les démissions et remplacements des bons éléments qui partent à la concurrence, exaspérés de vos managers incompétents.

Alors, on amorce quand le grand changement ?

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